Après vingt ans de vaches maigres, le PSG vient de rafler le troisième titre de champion de France de son histoire. Cette équipe de stars a-t—elle pour autant séduit le public français ?
Le PSG version 2012/2013 pèse 300 millions d’euros de budget et 14 millions de masse salariale. C’est cette grosse machine, réglée par le carré d’as Ibrahimovic-Pastore-Matuidi-Silva qui vient, après sa victoire à Lyon dimanche soir (0-1) de remporter le titre de champion de France de Ligue 1, le troisième du PSG depuis la création du club en 1970 (après les trophées soulevés lors des saisons 85/86 puis 93/94).
Bayern de Munich, le modèle ?
Une consécration qui met fin à 20 années de disettes en championnat, entrecoupées toutefois par une victoire sur la scène européenne en 1996 (Coupe des Coupes contre le Rapid de Vienne), la deuxième pour un club français après le mythique succès de l’OM en Ligue des Champions seulement trois ans auparavant.
Incontestable poids lourd de la Ligue 1 grâce aux fonds qataris (QSI), le PSG reste encore un « petit » en Europe, comparé aux deux grands clubs espagnols (480 millions d’euros de budget pour le Barça, contre 300 millions au PSG). A ce titre, le club parisien s’avère plus proche dans son potentiel « financier » d’un Bayern Munich (Allemagne), l’un des clubs les moins déficitaires d’Europe et finaliste de la LDC en 2013.
Après une fin de saison ratée l’an dernier, marquée par l’éviction d’Antoine Kombouaré à mi-parcours et l’arrivée expresse du stratège italien Carlo Ancelotti, plus capé (deux titres européens avec la Milan AC), le PSG a, depuis septembre 2012, fait montre d’une belle montée en puissance qui l’a mené sur le podium dès la 6ème journée et sur la plus haute marche du podium à la 22ème, avec, à la clé, un titre de champion d’automne soufflé in extremis à l’OL au soir d’une victoire éclatante à Brest juste avant Noël.
Mais c’est en Coupe d’Europe que le nouvel ogre parisien était attendu : sur ce plan, le bilan est convenable sans être réellement positif. Perçu après coup comme un gage d’avenir intéressant, sa performance contre le FC Barcelone en quart de finale de la Ligue des Champions (2-2 au Parc des Princes puis 1-1 au Camp Nou) a ensuite été relativisée par la prestation du Bayern au tour suivant contre les mêmes catalans (deux victoires écrasantes 4-0 et 3-0).
Avec Ancelotti la saison prochaine ?
Outre son crédit comptable, l’ère Ancelotti ne restera pas comme une âge d’or comparable à celui de la génération Weah, Ginola et Raï (1994) qui avait su capter une part plus généreuse de l’affect des supporters français : en cause, l’absence d’un réel fonds de jeu dilué dans une somme d’individualités certes impressionnante mais par trop souvent poussive et laborieuse, une stratégie résolument tournée vers la prudence, voire l’attentisme (peut-être la meilleure défense d’Europe, une vraie réussite d’Ancelotti pour le coup, NDLR), une lamentable élimination en quart de finale de la Coupe de France contre Evian (aux tirs aux buts) le 17 avril dernier, ainsi qu’une sortie non moins prématurée en Coupe de Ligue face aux Verts en 2012.
Beaucoup de spécialistes déploraient alors un cinglant manque de motivation des joueurs parisiens, soupçonnés de jouer leur saison à la carte, autrement dit à fond ou presque en coupe d’Europe et assurant le minimum syndical en Ligue 1. Une thèse presque accréditée par le directeur sportif Leonardo au soir d’une défaite à Reims (1-0 en mars) lorsqu’il avait affirmé devant les micros et les caméras que cette « équipe était surtout bâtie pour l’Europe ». Le même Leonardo qui a porté atteinte à l’image de son club en bousculant volontairement l’arbitre Alexandre Castro, coupable à ses yeux d’avoir expulsé Thiago Silva lors de l’indigent PSG-Valencienne (1-1) le 5 mai dernier. Un geste qui pourrait se traduire par une lourde suspension mais surtout un retrait de points pour le PSG.
Quant à Carlo Ancelotti, annoncé il y a quelques jours au Real Madrid en remplacement de José Mourinho, il est, à l’heure actuelle, plus probable qu’il rempile une année supplémentaire au PSG, sous la pression de son staff et surtout des dirigeants qataris qui voient en lui le meilleur gage de stabilité dans un club attendu au tournant lors du prochain exercice.